Lee Fields & The Expressions: My World

Publié le par Crazy Horus

Avec tout ce que la soul music a produit de bon et de moins bon depuis les années 1960/1970, de nombreux artistes aujourd’hui injustement méconnus se sont perdus dans les profondeurs abyssales du marché du disque. La consommation en masse de centaines de groupes soul/funk est telle que leur survie dans l’inconscient collectif ne se rattache parfois qu’à un ou deux titres voire au mieux un album.

 Au début des années 1970, Lee Fields fait partie de ceux qui discrètement produisent quelques singles furieux comme « She’s A Love Maker » en 1973, « Funky Screw » en 1974, « Everybody Gonna Give Their Thing Away To Somebody (Sometime) » l’année suivante et un album majeur Let’s Talk It Over paru en 1979. Les vingt années suivantes seront beaucoup moins glorieuses et contribueront à son oubli que seuls quelques crate-diggers tenteront d’y remédier. Suite à cette longue et injuste ignorance, et après avoir collaboré avec Martin Solveig, Lee Fields revient enfin en 2002 avec Problems, opus qui a su conserver cet héritage soul de l’âge d’or avant de sortir son ultime album My World en 2009.

 Si Fields a toujours su choisir son entourage, celui de My World ne semble pas déroger à la règle. La présence du band The Expressions dont l’orchestre El Michels Affair nous a livré en avril dernier Enter The 37th Chamber hommage instrumental au Wu Tang Clan, est un gage de qualité. L’opus dévoile une soul sulfureuse et sensuelle à l’image de « Do You Love Me (Like You Say You Do) », « The Only One Loving You », ou encore « Ladies » qui affiche une fiévreuse volupté. Le grain de voix de Lee Fields a cette manière d’amener la note comme une chaude caresse, parfois presque plaintive (« Honey Dove ») comme James Brown savait si bien le faire. L’album se dote par ailleurs d’une couleur presque blaxploitation sur « My World », privilégie un instrumental onctueux (« Expressions Theme »), ou s’oriente vers des contrées plus aériennes déchirées par des vocalises mélancoliques (« My World Is Empty »).

My World sans verser dans le nostalgique larmoyant transpire l’authenticité des années 1970. Lee Fields emporte avec lui son expérience de vieux briscard et libère une voix qui depuis le temps n’a pas changé, toujours intacte et aussi disposée à exprimer les inclinaisons vocales. L’orchestration des Expressions délivre un son soulful doucereux et presque funk qui permet à Lee Fields de s’envoler pour des instants de grâce. Un album digne et d’une puissance émotionnelle remarquable.

 

 

Publié dans Soul-Funk

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V
Sympa le morceau ! Je vais jeter un oeil sur cet album... Merci !
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