Bekay : Hunger Pains

Publié le par Crazy Horus


En écoutant Bekay (pour Brooklyn), on serait presque tenté d’évoquer un certain déterminisme. Pour cause, le rappeur traîne depuis quelque temps sur le circuit new yorkais en véritable passionné de la culture hip hop, ce qui l’amène à collaborer avec DJ Kayslay sur une mix-tape en 2006 avant d’être repéré par Rawkus  l’année suivante. Sa notoriété naissante lui permet de rencontrer le MC le plus déjanté de tous, le bien nommé Ol’ Dirty Bastard avec qui il réalise le titre « Where Brooklyn At ? » avant que le membre du Wu Tang s’éteigne subitement.

Soigneusement entouré par Shuko, Alchemist, Marco Polo, Illmind, Babu et autres, Bekay explose en cette fin d’année avec un Hunger Pains aux résonnances « street », bien connues des amateurs de productions made in NYC. Pas de place à l’imprévu, tout est calibré à la seconde près dans cet opus aux réminiscences 90’s qui fascinent tant le MC et qui donnent naissance à un « I Am » cisaillé par Alchemist et DJ Revolution dont le résultat est d’une efficacité redoutable. Inutile de chercher une quelconque originalité, Hunger Pains est un manifeste hip hop dans la plus pure tradition East Coast. Les codes sont respectés : fat beats, voix pitchées (« Young »), samples mélancoliques (« Rapstar ») et une quantité non négligeable de cuts et scratches en tout genre (« Bloodsport »).

En somme si l’opus n’offre rien de surprenant, il a tout de même le mérite de révéler un rappeur talentueux, précis dans le flow malgré sa voix monocorde. On retiendra des morceaux de choix dont la production doucereuse de Babu sur « Brooklyn Bridge », ode aux bonheurs fugaces rythmés par la vie du fameux pont, ou encore « The Raw » dont le rythme balancé est rendu encore plus percutant par la collaboration Saigon/Inspectah Deck. Par ailleurs, « Pipe Dreams » l’unique participation de Marco Polo au projet s’incère avec brio dans la tonalité générale rendue un peu plus attrayante en raison de la présence d’un R.A The Rugged Man sur le retour. Cerise sur le gâteau, le remix de « I Am » featuring Dilated People, vient clore l’opus sereinement et avec la manière.

Certes si Hunger Pains ne brille pas par sa prise de risque, celui-ci n’a peut être pas l’ambition de changer la face du rap. C’est en revanche un album qui prouve que l’underground de la Grosse Pomme se porte à merveille et continue à être un vivier important de la création musicale. Bekay n’a d’autre prétention ici que de faire partager son goût immodéré pour le hip hop. Simplement décapant.


Publié dans Rap

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B
<br /> Vraiment excellent ton blog ! J'y ai découvert pas mal d'artistes qui gagnent à être connus.<br /> Bonne continuation et merci pour l'excellent boulot !<br /> <br /> <br />
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C
<br /> Merci à toi. Si tu as pu découvrir des trucs intéressants ça me fait espérer que je ne fais pas ça pour rien ! A +<br /> <br /> <br />