Que faut-il garder du rap US pour 2009 ?
Nous voilà presque arrivé au terme de cette année 2009 et le temps est au bilan. Si ces douze mois ont été marqué par l’émergence ou la confirmation de certains rappeurs, force est de constater tout de même que les vétérans considérés par beaucoup comme issus de « l’âge d’or » des années 1990 ont tenté un come back plus ou moins réussi (Raekwon, Method Man & Redman, U God, Masta Ace & Edo G, KRS One & Buckshot, Blaq Poet, O.C & A.G, Grand Puba, M.O.P, Cormega, Sadat X etc.) Au rang des grosses déceptions deux anciens font pâle figure : Guru 8.0 Lost & Found et Rakim : The Seventh Seal. Si le premier a sombré dans le ridicule, le dernier était attendu de pied ferme mais le résultat est là, The God MC est méconnaissable, battu au final par la jeune génération et ses anciens camarades. Mais rien n’est définitif, l’homme est perfectible comme le disait Diderot…
De manière générale, cette année n’est pas plus riche ou plus pauvre qu’une autre. De bons projets ont trouvé un écho favorable comme l’inimitable DJ Spinna, BK One, Skyzoo, Kid Cudi, Chali 2na, John Robinson (trois opus !), Kero One, tout comme le doublon KRS One & Buckshot, Endemic, General Steele, Illa J, bref la liste est longue.Voici en revanche la liste des opus majeurs classés sans hiérarchie :
* Lushlife : Cassette City
Confirmation pour ce rappeur de Philadelphie qui allie avec finesse boom bap et profondeur musicale. Un opus transcendant.
* J Dilla : Jay Stay Paid
Un album posthume mené avec détermination par la mère du défunt ainsi que par le professionnalisme de Pete Rock. Dans la lignée de The Shining, alternant phases instrumentales de toute beauté et featurings de grande classe. Un hommage brillant, fait dans le respect.
* Madlib : Beat Konducta vol. 5-6
Qui aurait pu mieux que Madlib rendre un hommage d’une telle intelligence au Donuts de Jay Dee ? Les deux hommes s’appréciaient et s’estimaient. Sans aucun doute le meilleur de la série des Beat Konducta pour des instrumentaux d’une empathie extraordinaire.
* Blaq Poet : Tha Blaqprint
Un street album charismatique issu tout droit du hood mené par la main du maître DJ Premier et le flow béton d’un Blaq Poet qui ne lâche rien. Strictly hip hop.
* O.C & A.G : Oasis
Les deux lyricistes du D.I.T.C déboulent avec un rap qui frôle la perfection, qui sent bon l’engagement et la sincérité porté par le travail monstrueux d’E-Balze à la production. Le genre d’album qui vous fait aimer le rap made in NYC.
* Dela : Changes Of Atmosphere
Le rap-jazz mis à l’honneur par ce producteur français exilé au Etats-Unis et qui délivre ici un hip hop soyeux, aux productions soignées garnies de collaborateurs illustres. Un album qui marche sur les traces d’ATCQ et Pete Rock.
* Finale: A Pipe Dream And A Promise
Finale confirme ici son talent largement inspiré par Detroit sa ville natale. Un hip hop loin des clichés qui démontre une fois de plus que Motor City reste un pôle musical d’exception.
* Wu Tang : Chamber Music
On ne l’attendait pas et c’est tant mieux. Le crew de Staten Island bien qu’incomplet redore son blason sur des productions soul concoctées par le band The Revelations. Le Wu Tang renoue ici avec sa vibe 90’s qui lui est chère.
* Fashawn : Boy Meets World
Un opus 100% West d’une candeur trompeuse. Fashawn revisite son enfance et fait face à ses démons. Une écriture fluide portée au sommet par l’excellent travail d’Exil. A la fois positif et d’une dureté implacable.
* Blitz The Ambassador : Stereotype
Probablement un des opus les plus riches de l’année, entre rap volcanique et cuivres flamboyants. Largement sous estimé, Stereotype mérite plus qu’un intérêt passager. Un grand moment de musique qui clouera le bec à certains.
* Raekwon : Only Built 4 Cuban Linx 2
Annoncé depuis des lustres, le Chief renoue avec son slang légendaire pour une suite réussie de son premier classique. Malgré une performance somme toute honorable le rappeur garde intact l’atmosphère mafioso du premier volet sur des productions de Dilla, Dre et Pete Rock. Immanquable.
* Thaione Davis : Still Hear (Chronique Prévue)
Originaire de Chicago, Thaione Davis livre un projet qui ne paie pas de mine. Un flow énergique et des productions soul à la teinte 90’s surprenante pour une fraîcheur déconcertante. Du grand hip hop sans fioritures.
* Del The Funky Homosapien & Tame One : Parallel Uni-Verses (Chronique Prévue)
Retour aux blocks parties si chères aux deux rappeurs. Une atmosphère résolument détendue grâce aux samples funk de Parallel Thoughts. Une véritable surprise indé qui réjouira les amateurs Grandmaster Flash et de Sugar Hill Gang. Un mythe revisité.
* Brother Ali : Us
Un blues-rap d’une beauté aveuglante de ce preacher qui a eu la vie dure. Entouré par Ant producteur d’Atmosphere, le combo fonctionne à merveille. Peut être le meilleur d’Ali à ce jour.
* Blakroc (Chronique prévue)
Une fusion délibérément rap-rock orchestrée par The Black Keyz qui réunissent ici la crème de la crème dans une ambiance folle et exubérante qui érige ODB en rock star mais ça on le savait déjà. Une belle claque en somme.
PS : Le premier opus de Large Professor The LP vient d'être édité après les nombreux bootlegs... Celui-ci est agrémenté de quelques tracks supplémentaires.
Voilà pour cette année et encore merci pour votre soutien !