Mr Chop : For Pete's Sake
Mr Chop aka Coz Littler signe ici un opus pour le moins bigarré. Mais pour réaliser un tel projet, qui d’autre que la sous division de Stones Throw, (c’est à dire Now Again) aurait pu être de la partie ? Après un EP brillant (Lightworlds) paru en 2008, l’artiste britannique remet le couvert pour un hommage détourné à cet éminent producteur qu’est Pete Rock. Véritable cheville ouvrière du rap du début des années 1990, celui-ci aura contribué à donner au hip hop des références d’une solidité à toute épreuve, comme l’attestent Mecca And The Soul Brother (1992) et The Main Ingredient (1994), tous deux réalisés avec la collaboration de Corey Brent Penn aka C.L Smooth.
For Pete’s Sake n’est donc pas un album rap à proprement parlé, même si sa structure de base repose sur la reprise de quelques fameux beats du producteur américain. Mr Chop, épaulé par quelques membres du band Hielocentrics (cf Inspiration Information) se réapproprie cette colonne vertébrale afin d’y greffer un son aux influences diverses. Le jazz, qui est une des principales musiques que Pete Rock s’est employé à distiller tout au long des 90’s refait ici surface sous une forme à la fois très épurée (« For Pete’s Sake ») et quasi psychédélique (« Mecca And The Soul Brother »). Si les morceaux originels conservent leur sample et le caractère brut du beat ( « I Got A Love »), ceux-ci se voient enrichis d’une enveloppe musicale étincelante, habillée de cuivres impétueux (« Good Life »), et d’échos qui donnent à l’ensemble une profondeur saisissante (« The World Is Yours »).
Sans jamais dénaturer l’armature principale, Mr Chop s’emploie à créer des morceaux à part entière en y insufflant des atmosphères singulières teintées de rock « organique » (« Main Ingredient »), de psychédélisme corrosif (« T.R.O.Y »), ou d’un minimalisme enjoué parfaitement assumé qui se fond parfaitement dans l’ensemble (« Get On The Mic », « Straighten It Out »). Quant aux « Intermezzo » qui s’égrainent tout au long de l’opus, leur apparente complexité révèle des textures multiformes, entre funk pondéré (« Intermezzo 3 »), expérimentation indus (« Intermezzo 1 »), et jazz brumeux (« Intermezzo 5 »).
Difficile de ne pas se laisser tenter par une telle entreprise qui aurait pu s’avérer catastrophique de par son concept. Now Again aura eu une fois de plus le nez fin en laissant carte blanche à ce musicien hors pair qui revisite d’une manière follement originale l’œuvre d’un des plus grands producteurs que le hip hop n’a jamais connu. Tout simplement jouissif.